20 novembre 2008

Préface Tome II

Préface Tome II

Dans sa Trilogie intitulée ‘Les Témoignages de Bézouiche’, c'est-à-dire les témoignages d'un ado, l'auteur raconte son parcours, à sa manière. Des témoignages 'par en-bas', donc forcément des témoignages du terrain. Des témoignages par lesquels l’auteur rend hommage à ses aînés, à ses compagnons d'armes, aux héros encore vivants et à ceux qui sont tombés au champ d'honneur. Enfin, par fidélité, à ceux qui ont voulu qu'il soit ce qu'il est, c'est-à-dire humble serviteur de son pays. Un pays au service effectif duquel il a consacré 46 ans de sa vie. Par devoir de mémoire, il retrace fidèlement les détails de son parcours, en demandant d'avance l'indulgence de ses compagnons d'armes, de ses héros, de tous ceux que son parcours à croisé, qu'une mémoire de 'gosse' pourrait avoir omis bien involontairement de citer ou de minimiser le rôle ou le parcours. Un parcours épique, dans tous les cas, comme celui de tous les Combattants pour la Liberté. Le présent ouvrage constitue la suite chronologique du Tome 1. Un ouvrage que l’auteur a volontairement choisi d’intituler 'Les Transmissions de la Base de l'Est’, afin de ne pas polémiquer sur les évènements et sur les hommes. Il couvre la période allant de Septembre 1957 à Septembre 1958, date de la proclamation du G.P.R.A, au lendemain de la disparition de la Base de l’Est.
Après son retour de l'Acheminement en Wilaya 3, Slimane l'Assaut et l'ensemble des hommes de son Commando, le Commando de Souk-Ahras, furent désarmés par le Capitaine Abderrahmane Bensalem. Slimane l'Assaut fut mis aux arrêts par le Commandement de la Base de l'Est. Ses hommes furent dispersés à tous vents, 'comme pour semer les graines de l'héroïsme '.
Bézouiche se retrouva seul, désarmé, dans le Bec-de-Canard, en Zone 2 de la Base de l'Est. Il venait de parcourir plus de 600 kilomètres, en moins de trois mois. Il pesait à peine une quarantaine de kilos. Il venait d'avoir 15 ans. En moins d'une année de maquis, Bézouiche était déjà considéré comme 'Ancien Combattant'.
Un agent de recrutement un peu spécial, Si El-Hadi, le repéra et le sélectionna pour suivre le premier stage des Transmissions de l'A.L.N en Base de l'Est.
La petite Equipe des Transmissions de Si Laroussi, une équipe composite, était constituée pour l'essentiel de jeunes combattants issus directement du maquis. Mohtichou, l'Instructeur Principal, venait du Canal de Suez, après y avoir été largué avec les parachutistes de l'Armée Française, lors de l'Agression Tripartite contre l'Egypte. Deux autres stagiaires venaient également d'Egypte. Mais ceux-là avaient été envoyés par Ahmed Ben Bella, pour une formation de 'Sans-Filistes' dans l'Armée Egyptienne, juste avant l'arraisonnement de son avion.
Il y avait aussi 'Si Brahim le Topographe', étudiant en Calligraphie à l'Université d'El-Azhar, devenu le premier météorologue de l'A.L.N. Zinet Mohamed, futur cinéaste, se trouvait également parmi le petit groupe de stagiaires (photo page 39). Bézouiche assimila douloureusement, mais très vite l'alphabet Morse. Son stage fut abrégé en une quarantaine de jours. Il fut affecté au P.C de la Zone 2 de la Base de l'Est, avant de refaire son examen de fin de stage avec ses camarades de promotion, en présence d'Agents des Transmissions venus de la Wilaya V. Un brevet d'opérateur radio avec grade de Sergent sanctionna son examen. Il vivra la jonction entre l'Est et l'Ouest, l'unification des Transmissions de l'A.L.N., sous les ordres du Commandant Omar. A son retour au P.C de la Zone 2 de la Base de l'Est, il commandera le premier réseau en phonie de toute l'A.L.N. Un réseau grâce auquel fut transmis le premier et unique reportage radiophonique en direct et en temps réel d'un accrochage. Le seul du genre, durant toute la guerre de Libération Nationale. Bézouiche sera par la suite affecté au P.C de la Zone 3, quelques semaines après le bombardement de Sakiet-Sidi-Youcef. L'Equipe des Transmissions de Si Laroussi déménagera à Fondouk-Choucha pour faire les choses en grand et former la 5ème Promotion des Transmissions de l'A.L.N. Bézouiche demeura seul au P.C de la Base de l'Est, un P.C déplacé à Ghardimaou, avec une station radio devenue muette. Une période trouble, pendant laquelle le Sergent Bézouiche partagea très étroitement sa vie quotidienne avec Si Ahmed Draïa, Si Mohamed-Chérif Messaâdia et d'autres officiers (photo page 218). Le P.C de la Base de l'Est était placé sous les ordres du Commandant Ouachria, avec lequel Bézouiche eut maille à partir, à la suite d'une tentative de désertion râtée. Le dernier Ordre de Mission signé par le Commandant Ouachria avant sa disparition (Document page 157), permit à Bézouiche de partager pendant quelques jours la vie des stagiaires de la 5ème Promotion, avant de rejoindre de nouveau le P.C de la Base de l'Est, puis celui de la Zone 2. La proclamation du G.P.R.A, le 19 Septembre 1958, scella le sort de l'éphémère 'Wilaya de Souk-Ahras' et mit un terme à la mission de Bézouiche en Zone 2 et en Base de l'Est.
Très marqué par son combat et par les vicissitudes de ses affectations successives, Bézouiche se retrouva dans le Service Psy du Docteur Frantz Fanon à l'Hôpital Charles Nicole de Tunis, pour une 'Cure d'Insuline'.
Une cure de remise en forme, avec à la carte un véritable 'lavage de cerveau', qui le remettra de ses épreuves. Il fut l'un des premiers Agents de Transmissions à séjourner au C.A de Mégrine. Un Centre d'Accueil et de repos pour une nouvelle race de combattants. Des combattants qui dépendront d'abord du M.L.G.C, ensuite du M.A.L.G. Quant à la Base de l'Est, l'éphémère 'Wilaya de Souk-Ahras' du Colonel Si Amara Bouglaz, du Commandant Ouachria, du Commandant Si Ahmed Draïa, de Si Mohamed Chérif Messaâdia, elle sera dissoute, sacrifiée sur l'autel d'un saut qualitatif de la Guerre de Libération Nationale. Tout comme ce fut auparavant le cas pour le Commando de Slimane l'Assaut, le Commando de Souk-Ahras. Le récit évitera volontairement le discours dogmatique, doctoral ou doctrinal. Bref, la phrasélogie et la réthorique ex cathedra. Il est rédigé à bon escient dans un style simple, léger, parfois badin, à la portée du plus grand nombre, pour une lecture agréable, captivante et divertissante. Pourquoi non ?
Une lecture forcément enrichissante. Un récit conté pour l'Histoire, pour de la petite histoire également, pour distraire et enseigner à la fois. Un récit où la rancœur n'existe point. Des témoignages qui collent aux réalités du terrain, aux réalités vécues par l'auteur. Un témoignage effectué par devoir de mémoire, que Bézouiche le ‘Plus-petit-des-grands’, le plus jeune des anciens, livre directement au lecteur, de la manière la plus simple, la plus humaine, afin de lui permettre de jeter un regard serein sur la grande Epopée de Novembre. Sur sa petite épopée également, avec la satisfaction ultime pour lui d'avoir tout simplement accompli sa part de devoir pour la Libération de la Mère-Patrie. Le récit d'un adolescent, débité de mémoire, une mémoire miraculeusement rafraîchie, avec toute la sensibilité et l'humanité, mais aussi avec l'acuité d'observation, propres à son âge. Le narrateur, le héros, ne tirant aucune gloriole de ce qu'il considère comme son simple devoir le fait d'avoir combattu pour la libération de son pays, jette avec humilité un regard, à la fois serein sur ce qu'il a accompli et surpris de ce qu'il a enduré.
Comme dans le premier volet de ses témoignages, l’auteur n'a pu s'empêcher à chaque occasion de faire digression pour replonger brièvement dans son enfance ou de coller au présent, pour faire ici et là des constats parfois amers, des commentaires ou des observations souvent utiles, en prise directe avec divers sujets d'actualité. Des sujets qu'il soumet pêle-mêle à la réflexion du lecteur. Digressions opportunes aux yeux de l'auteur, ces brefs sauts, ces navettes furtives dans l'espace et dans le temps, tout en ramenant le lecteur à son vécu quotidien, annonçent en filigrane le contenu des deux autres volumes de sa Trilogie.
Des documents authentiques et inédits illustrent ici et là les récits de la Trilogie.

Abdelmadjid Maâlem

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