20 novembre 2008

Avant-propos

Avant-propos

Dans cette troisième et dernière partie de ses témoignages, Bézouiche, ‘M.L.G.Ciste’, puis ‘M.A.L.Gache’, retrace son parcours pour la période allant de la formation du G.P.R.A, en Septembre 1958, au cessez-le-feu et la proclamation de l’indépendance. Par les hasards de l’histoire, le M.A.L.G fut pour lui ‘une affaire de famille’, pourrait-on dire. Puisque son père et d’autres membres de sa famille étaient également ‘M.A.L.Gaches’, c’est-à-dire des combattants de l’A.L.N activant au sein du Ministère de l’Armement et des Liaisons Générales du gouvernement provisoire de l’Algérie combattante, le G.P.R.A.
Généralement, on ne livre pas au premier venu les secrets de sa propre famille. Mais Bézouiche ne sait pas tenir sa langue. Il a donc résolument pris le parti de briser ce tabou familial traditionnel et de parler. De parler haut et fort en livrant ses témoignages, sans retenue ni complaisance, en précisant bien clairement qu’il n’a de compte à régler avec personne, ni avoir jamais eu l’intention de déballer un quelconque ‘linge sale’ de famille. Il n’en a point.
Il n’oubliera cependant pas de tourner sept fois sa langue avant de parler. De peser et de mesurer ses mots à l’aune de la bienséance et de la bonne foi.
Comme dans les deux premiers tomes, il livre ses témoignages par le bas, c'est-à-dire à partir des réalités du terrain, afin de s’acquitter du troisième et dernier de ses devoirs, celui de la mémoire. Son premier devoir ayant été celui de combattre, les armes à la main, pendant six années, pour la libération de sa patrie. Son second devoir était de combattre, dans le cadre du ‘Djihad El-Akbar’ comme le lui disait feu le Colonel Chaâbani de la Wilaya VI, pour la reconstruction et l’édification de son pays meurtri, enfin libéré après 132 ans d’occupation.
Un combat qui dura pour lui 40 ans pleins. Un combat effectif qui prit fin avec sa retraite, décidée par les hasards de l’histoire, un 1er Novembre. Celui de l’Année 2002.
En accomplissant son devoir de mémoire, l’auteur, par son âge, se considère comme étant le 'petit dernier' de la 'famille révolutionnaire', le cadet des Aînés. Ces Géants de l’Histoire. Dans cette difficile mais exaltante entreprise, le cœur et la raison de l’auteur ont longuement hésité entre la fierté d’écrire et l’humilité de témoigner.
Il a préféré rester modeste devant l’Histoire.
Sans verser dans la langue de bois, une langue à jamais étrangère pour lui, il livre donc les témoignages du cadet sur les aînés. Le témoignage du petit sur les grands. Des témoignages vécus par le bas, à partir des dures réalités du terrain. Par son parcours, Bézouiche se considère comme étant le pur produit de l’A.L.N et du M.A.L.G, ses meilleures écoles.
Sans aucun complexe, sans aucune retenue, sans aucune complaisance, il évoque ses souvenirs. Mais il ne fait aucune révélation fracassante ou sensationnelle, même s’il a exercé là où battait le cœur de l’Algérie Combattante. Dans les centres nerveux les plus sensibles de la Guerre de Libération Nationale.
Tout comme il ne lèvera aucun voile sur les ‘mystères’ qui entourent toujours et encore les 'Malgaches', même s’il a partagé leur vie des années durant. Car les 'Malgaches' se considéraient comme étant de simples combattants, comme tous les membres de l'A.L.N.
Que l'honorable lecteur ne s'attende donc pas à des révélations sur une catégorie de combattants qui avaient pour mission d'agir dans la discrétion et parfois dans l'ombre, avec la clarté d'esprit que commande l’idéal de tous.
Un idéal de liberté éclairé par les valeurs de Novembre 54.
Cependant, comme tout les combattants aguerris, ces hommes et ces femmes, dont l’effectif final frisera le millier au 19 Mars 1962, soit environ l’équivalent de quatre bataillons de choc, porteront à jamais les séquelles de leur combat. La clandestinité et la rigueur dans laquelle ils ont été formés marqueront à jamais leur personnalité et feront d’eux des hommes et des femmes, des citoyens qui serviront à divers échelons leur pays dans la discrétion, la retenue, …et le silence !
Comme eux, Bézouiche n’oubliera jamais les mots d’ordre qui avaient balisé sa formation. Comme dans un CD-ROM inaltérable, l’avertissement :
‘Attention ! Les murs ont des oreilles !!!’ restera à jamais gravé dans la tête de tous.
Mais Bézouiche ne sait pas tenir sa langue. Il ose parler, il ose se confier pour le lecteur… !!!
Last but not least, il ne faut surtout pas oublier que Bézouiche s’était embarqué clandestinement dans un train, en 1956, pour rejoindre les rangs de l’A.L.N.
Ceci, afin de ne pas rater le train de l’Histoire !
En bon Opérateur radio qu’il fut dans les rangs de l’A.L.N, il considère qu’il a un message à transmettre.
Il n’a donc pas hésité à s’acquitter de cet ultime devoir !
Comme dans les deux premiers volets de ses témoignages, l’auteur s’autorise de brèves digressions spatio-temporelles au fil du récit, pour plonger dans son enfance ou ramener le lecteur à son époque et faire ici et là des observations ou des commentaires qu’il soumet à la réflexion de tous.
Quoi qu’il en soit, l’auteur estime n’avoir fait que son simple devoir que d’avoir combattu pour la libération de son pays. Quant à Bézouiche, après avoir fait deux fois le tour du monde en qualité de diplomate au service d’une Algérie souveraine, le tour d’un monde où les généreuses promesses d’une légalité internationale ne valent pas toujours argent comptant pour les plus faibles et les plus pauvres; après avoir fait ensuite plusieurs fois le tour de la question, il ne sait toujours pas s’il a bien fait de s’embarquer dans cette …Histoire !

Abdelmadjid Maâlem

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