20 novembre 2008

Grande affluence au XIe Salon International du Livre d’Alger (SILA) - 2006

Edition : Grande affluence au XIe Salon International du Livre d’Alger (SILA).
Cherif Jalil

La parole est aux «Malguistes»

Autour du thème, «Les écrits sur la Révolution», Mohamed Lemkami, Abdelmadjid Maâlem — qui viennent de publier leurs mémoires aux éditions ANEP — ainsi que Me Jacques Vergès et Annie Steiner, l’un est connu pour avoir défendu les militants du FLN durant la guerre de libération, l’autre, une ancienne moudjahida. Les deux «Malguistes» ont fait part, à travers la rédaction de leurs mémoires, de leur volonté de laisser des traces écrites de leur parcours militant, en s’adressant d’abord à la jeunesse algérienne qui n’a pas connu cette terrible — et exaltante — époque pour lui transmettre un message de détermination et de liberté et, à une autre échelle, aux historiens. M. Lemkami évoquera longtemps la forte personnalité de Abdelhafidh Boussouf, le père des services de renseignement algériens, auxquels l’intervenant a exprimé sa fierté d’y appartenir, «Boussouf était Si Lahbib à Beni Snous et Si Abdellah à Tlemcen et M. Armand... ailleurs», dira-t-il pour illustrer le fait que ce brillant dirigeant de la Révolution algérienne «a toujours vécu dans la clandestinité et s’est toujours entouré de jeunes, créant peu à peu, les services de renseignement et assurant le contrôle des résidants algériens au Maroc»

Par devoir de mémoire :
Abdelmadjid Maâlem a relaté son parcours et son expérience dans ‘LesTémoignage de Bézouiche’, une trilogie dont le dernier volume a été préfacé par le Président de la République. «J’ai voulu rendre hommage aux combattants de la libération nationale, dont je faisais partie», dit-il, confiant qu’il a écrit par «devoir de mémoire» sans prétention littéraire, optant pour le récit simple et «le style qui vient du cœur», et relatant le parcours, celui d’un jeune de 13 ans qui quitte le collège pour le maquis. Proclamant sa légitime fierté d’appartenir à la «génération des gagneurs» (Jil ar-rabihine) il avoue que le combat d’aujourd’hui, celui que doit livrer la jeunesse algérienne, dans la culture de la mondialisation, est beaucoup plus dur, mais tout aussi vital afin que l’Algérie puisse retrouver sa place au soleil.

Des découvertes à Alger qui influeront sur toute ma vie :
A la question du modérateur, Omar Lardjane, sociologue, de savoir s’il faut ou non laisser l’écriture de l’histoire aux seuls historiens, et quelle place laisser aux mémoires des témoins et des acteurs, Me Jacques Vergès, connu pour son engagement, sa vaste culture et sa verve, répond : «Je pense qu’il ne faut pas séparer les deux choses. L’histoire est nécessaire et les prises de position aussi, n’attendons pas que les historiens viennent nous dire ce qu’il faut faire». Et au célèbre avocat et brillant polémiste, de dire à l’assistance que sa rencontre avec Alger, en 1957, a été capitale parce qu’elle va «influencer toute ma vie, parce que, j’y est découvert le colonialisme dans toute sa barbarie, et que les démocraties (et pas seulement les dictatures) commettent des crimes horribles».Le modérateur relance le débat en formulant autrement la même problématique. «Peut-on écrire l’histoire sans cette expression d’indignation et s’en tenir à la froideur des archives en ignorant toute cette force ressentie devant les faits relatés ?» C’est, là, la rencontre entre l’écrit historique, le livre d’histoire et les mémoires des auteurs et des témoins !».Fettouma Ouzegane, puis Annie Steiner, moudjahidate, ont livré, chacune son témoignage. Annie Steiner dans une longue intervention, a soutenu que «l’histoire est trop grave pour qu’elle ne s’écrive pas par nos propres historiens». «Dans les librairies, je vois deux noms. J’achète, crayon en main, mais je ne reconnais pas mon pays, je trouve des erreurs, je ne reconnais pas ce que j’ai vécu». Avant de relever que «malheureusement trop peu de frères ont écrit et que pour les moudjahidate, c’est encore moins».Elle termine son intervention sur un appel aux maisons d’édition pour qu’elles rééditent les récits et les poésies (actuellement introuvables sur le marché) de six femmes pleinement engagées dans la guerre de libération.Aujourd’hui, le public du Sila est convié à des rencontres toutes aussi enrichissantes. Cela commence par un exposé sur les «auteurs algériens de la période romano-africaine», et s’achevant par réception d’Alpha Design à l’occasion du lancement de sa filiale édition, une soirée musicale par le groupe Othmane Bali de Djanet en passant par la présentation d’une anthologie espagnole traduite vers l’arabe et une discussion sur Isabelle Eberhardt.

Mercredi 01 novembre 2006.
Compte rendu de Cherif Jalil.

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